Selon les dernières statistiques du marché de la revente publiées par l’Association canadien de l’immobilier (ACI), le nombre de ventes au Canada s’est replié de 9 % en mars. Il s’agissait d’un deuxième recul mensuel consécutif.
Cela permet de dresser le portrait du premier trimestre de l’année, qui laisse voir un recul de 6 % des ventes et de 2 % des prix à l’échelle canadienne. L’Ontario est la province la plus touchée, avec une baisse marquée de 21 % des ventes et un repli de 3 % des prix. La Colombie-Britannique accuse aussi une baisse de prix de 3 %, malgré un ralentissement des ventes de 5 % seulement.
L’exception québécoise continue… du moins pour le moment
Le Québec, lui, fait mentir la tendance. Grâce à un autre gain de 9 % des ventes en mars, au cumul des trois premiers mois, la hausse du nombre de transactions est de 13 % et le prix moyen des propriétés affiche une solide croissance de 9 % en comparaison de la même période un an plus tôt. Les régions métropolitaines de Montréal et de Gatineau ont donné le ton au chapitre des ventes, grâce à des augmentations de 14 % chacune.
Le conflit commercial change la donne
Au passage, l’ACI a revu ses prévisions pour l’année en cours. Évidemment, les perspectives se sont assombries en raison du conflit commercial avec les États-Unis. Au-delà des industries directement frappées par les droits de douane imposés par l’administration américaine (celles de l’aluminium, de l’acier, de l’automobile et de l’énergie au moment d’écrire ces lignes, mais celles du bois-d’œuvre, des produits laitiers et de la pharmaceutique sont aussi dans la mire de M. Trump), l’incertitude liée à la durée, la portée et l’ampleur d’une guerre commerciale avec les États-Unis plombe la confiance. Les entreprises freinent leurs investissements. Les consommateurs craignent pour leur emploi, prévoient dépenser plus prudemment et certains remettent à plus tard des achats importants[1]. Selon une enquête de la Banque du Canada, la proportion de locataires ayant l’intention d’acheter une propriété au pays au cours des prochains 12 mois est passée de 19,9 % au dernier trimestre de 2024 à 16,1 % au premier trimestre de 2025. Au Québec, durant la même période, cette proportion a diminué de 14,4 % à 10,5 %.
Forte révision à la baisse
L’ACI a donc revu à la baisse ses prévisions du 15 janvier dernier où il était trop tôt pour intégrer les risques d’une guerre commerciale. Elle souligne qu’« en raison de l’imprévisibilité persistante et du fait que l’évolution des taux d’intérêt cette année reste incertaine, alors qu’il existe un risque de stagflation, toutes les prévisions sont faites dans un contexte d’incertitude sans précédent ».
Initialement, l’ACI prévoyait, à l’échelle nationale, une croissance des ventes de 9 %, jumelée à une progression du prix moyen des propriétés de 5 %. Dans son nouveau scénario prévisionnel, à la fois les ventes et le prix moyen de 2025 stagnent à leur niveau de 2024. L’Ontario (-4 %), la Colombie-Britannique (-1 %) et l’Alberta (-1 %) enregistreraient des baisses d’activité, mais seules les deux premières accuseraient des baisses de prix, toutes deux de l’ordre de 1%.
Pour le Québec, la révision est marginale au chapitre des ventes, dont la croissance passe de 9 % à 8 % dans le nouveau scénario. Toutefois, l’ACI revoit la croissance projetée du prix moyen de 8 % à 3 %. Nous nous expliquons mal cette dernière modification, qui nous semble exagérément pessimiste. D’ailleurs, nous publierons bientôt nous aussi une mise à jour de nos prévisions publiées le 16 décembre dernier.
[1] Source : Enquête sur les attentes des consommateurs au Canada, Banque du Canada, premier trimestre de 2025.